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JEAN-PIERRE CHOLLETONOutil informatique et processus compositionnel : quelques aspects de la musique de Magnus LindbergRésuméDepuis Kraft pour ensemble de solistes et grand orchestre jusqu'aux oeuvres les plus récentes (Concerto pour clarinette, Chorale), Magnus Lindberg a élaboré un logiciel personnel assez volumineux comportant différentes couches de fonctions représentatives de son évolution stylistique au cours des années. Sorte de "work in progress" permanent, ce réseau de procédures et d'algorithmes se présente comme un labyrinthe pour le musicologue imprudent qui s'y aventure. Une telle démarche permet, cependant, de mieux comprendre en quoi la formalisation d'idées musicales, dans un environnement informatique personnalisé, a influé sur le style du compositeur et quel a été le "feed-back" de ces procédures dans son écriture instrumentale. La plupart des compositions de Magnus Lindberg, jusqu'à Corrente, reposent sur des principes d'engendrement et de transformation du matériau, fondés sur des techniques d'interpolations. On calcule un nombre donné d'accords intermédiaires entre deux accords de référence. L'idée est de passer progressivement des qualités harmoniques du premier à celles du second selon une courbe déterminée. Cependant l'interpolation ne peut se concevoir dans le domaine instrumental sans un contrôle des qualités harmoniques des étapes intermédiaires. Afin d'obtenir un système de classification et de contrôle de son matériau harmonique, Magnus Lindberg a formalisé dans son programme des règles basés sur la "pitch-class set theory" développée par Allen Forte. Cette théorie concerne principalement l'analyse des musiques atonales. Elle est utilisée, dans le cadre du programme personnel du compositeur, pas tant pour son aspect théorique que comme moyen relativement pratique, d'un point de vue informatique, de classification des accords analysés. Elle permet, d'autre part, le contrôle de la qualité harmonique des accords intermédiaires d'une interpolation dans le domaine des hauteurs. Cette présentation permettra de voir en quoi les moyens informatiques mis en oeuvre par Magnus Lindberg sont représentatifs de ses préoccupations musicales et comment, en retour, ils peuvent être source d'un élargissement de sa pensée et de ses conceptions dans le domaine de la composition, créant ainsi une adéquation entre outil informatique et processus compositionnel. |
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