BERNARD STIEGLER

Éditorial

Les dispositifs électroniques qui ont été développés au cours des dernières décennies dans le domaine de la musique permettent aujourd'hui d'envisager un renouvellement en profondeur de la compréhension du fait musical. C'est dans cette perspective que l'Ircam s'emploie désormais à concevoir des instruments pour l'analyse musicologique et l'aide à l'écoute.

La discrétisation du continu, avec le déploiement intense des technologies numériques, ne cesse de conquérir de nouveaux territoires dans tous les domaines artistiques aussi bien que scientifiques. Produit de la calculabilité machinique, elle relance la question des formalismes mathématiques et plus généralement structuraux. Support d'interfaces, elle prépare de nouvelles conditions pour la rencontre de la structure et de la sensibilité qu'elle affecte. C'est là une époque nouvelle de l'organologie musicale, qui requiert la mobilisation de modèles théoriques tout à fait inédits, où la prise en compte de la médiation technique dans le phénomène musical (qu'il affecte la conscience du compositeur ou celle de l'auditeur) devient irréductible.

C'est pour instruire ces enjeux en profondeur, et dans leur épaisseur historique, que l'édition 2003 des Résonances a choisi comme thème directeur l'analyse musicale et ses instruments et propose un colloque qui explorera la question contemporaine de l'analyse parallèlement dans le domaine des musiques électro-acoustique et selon les concepts issus de la Set Theory, pour se clore dans une journée commune où la pratique de l'analyse et ses instruments sera également visitée comme moment de la composition.

Selon une autre approche appelée à converger avec ces questions, les Résonances présenteront au cours d'une conférence qui se déroulera le 17 octobre le projet "Ecoutes signées", qui a pour objectif la réalisation d'un logiciel d'aide à l'écoute et à sa formalisation.

Biographie de Bernard Stiegler